Rumney

Récit d'une découverte (suite)

Impatient, j´avale la marche d´approche (qui équivaut à celle du Brötsch) pour me précipiter vers les secteurs les plus célèbres, dont le bien nommé Waymea où je tombe nez à nez avec The Fly. Les réglettes de départ, résolument beaucoup plus petites que celles du départ de Sone Love, calmeront les ardeurs de plus d´un, ce d´autant plus que le topo souligne bien que le décollage n´est de loin pas le mouvement le plus difficile de la voie ... Je confirme sinon ; la voie est vraiment une couenne de 4 mètres mais le rocher est très beau et d'une grande pureté (un mixe de mica, de quartzite et de granite) , comme d´ailleurs partout à Rumney. Mais le plus fascinant est peut-être le profil franchement déversant de nombreuses barres, ce qui explique le nombre de voies dures : j´ai vu en deux jours bien plus de 5.14 (de 8b+ à 9a) que de 5.10 ! Le niveau des locaux ne trompe d´ailleurs pas, on fait du 5.14 ici quasiment comme du 8a à Marlen. Même l´ultra local John Mallery, professeur au prestigieux MIT de Boston, et fréquentant Rumney au rythme de trois fois par semaine depuis une bonne quinzaine d´années (on grimpe à Rumney depuis les années 60), vient de s´offrir sa première voie à ce niveau (il est âgé d´une cinquantaine d´années). Et les filles ne sont pas en reste, je vous assure que voir une quasi adolescente taper des essais acharnés dans un 5.13d (8b) m´a laissé quelque peu médusé.
L´échauffement fut donc délicat, d´autant plus que la majorité des voies faciles étaient mouillées. Coupons tout de même le court à deux idées reçues : quand la falaise est sèche, on trouve pléthore de voies faciles sur les 400 que comptent Rumney et de nombreuses voies sont longues (une grosse vingtaine de mètres et plus), le cas The Fly étant donc une exception. En fait, en longueur, comme dans le Franken, nous trouvons de tout.



La partie gauche du secteur de Waymea



Me fiant à la beauté de la ligne, et faisant fi des conseils de John me déconseillant fortement cette voie pour l´échauffement, je me lance dans Aquarius (5.12d, 7c). Dès les premiers mètre, je suis confronté au style inimitable des voies du coin, à savoir pouvoir dompter une furieuse arrête, glaciale et collante, où l´équilibre n´est pas un vain mot. Un repos total couleur local (genoux coincés) me fait récupérer de cette première partie gravie absolument à l´arrache. Une section plus aisée m´amène ensuite aux derniers mètres, un beau bombé dont les réglettes en pente font avorter ma tentative. Un mouvement (une lointaine fermeture en épaule) est vraiment dur et le clippage tout autant, d´ailleurs mes essais de la journée n'iront pas plus loin que ma tentative à vue et n´auront jamais raison de cette section.

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